7 avantages de la diversité
On observe, depuis quelques années, un refus de la diversité et une augmentation des idéologies sectaires et nationalistes, avec les réactions contre l’immigration en Europe et la victoires de partis politiques d’extrême droite dans plusieurs pays. Mais s’agit-il d’un nouveau phénomène ou bien l’expression d’un courant de pensée latent et persistant, qui a l’air de faire partie intégrante de la nature humaine ?
Cette tendance nous pousse à claquer la porte au nez de nos voisins qui tentent de fuir des situations inhumaines. Pourquoi leur refuser l’assistance dont nous sommes tout à fait capables ? Pourquoi réprimer la solidarité inscrite dans nos gênes ?
Surtout que de nombreuses études montrent que la diversité est un avantage, un ingrédient de réussite, aussi bien pour un pays, que pour une entreprise, et pour notre épanouissement personnel.
A suivre ...
1. La diversité m’apprend que l’autre n’est pas un danger
La diversité a toujours fait partie de ma vie. J’ai grandi à l’Ecole européenne de Luxembourg, où 9 sections linguistiques étaient représentées. Mon premier souvenir de la diversité remonte à la maternelle. Je me souviens avoir été consciente que dans la classe à droite de la mienne se trouvait la section italienne, et à gauche la section anglophone. Il m’arrivait de me demander si leur salle de classe était différente de la nôtre. Si le fait qu’ils parlaient une langue différente les rendraient différents. Et, chose qui m’étonne aujourd’hui, je n’osais pas poser les questions qui me brûlaient les lèvres, parce que j’avais conscience de l’existence d’un tabou. Je ne sais pas si j’avais raison ou tort, mais il me semblait que mes questions pouvaient provoquer des réaction négatives.
Le mystère qu’est « l’autre »
Et puis un jour, le photographe est venu faire les photos annuelles et s’est installé dans la salle des anglophones. J’étais toute excitée à l’idée de pouvoir enfin découvrir les secrets des anglophones ! Nous sommes entrés dans la classe, et on nous a assis sur le sol où nous devions attendre notre tour, pour les photos individuelles. J’ai donc eu tout le loisir d’observer les choses suivantes :
- Les anglais avaient l’air de dessiner plus souvent que nous, parce que leurs murs étaient remplis de dessins. Il y avait même des fils tendus d’un coin de la pièce à l’autre, desquels pendaient encore plus de dessins. Ça ne m’a pas plu. J’ai pensé que notre salle était bien plus jolie, parce que nos dessins étaient plus subtils.
- Les anglais avaient la main plus lourde que nous. Leurs dessins étaient faits avec des pinceaux larges, et des couleurs plus vives. Encore une fois, j’ai préféré les nôtres, plus fins et plus délicats.
- Leur salle était plus sombre que la nôtre, ce qui ne m’a pas plu non plus. (Je me rends compte aujourd’hui que le manque de lumière était peut-être dû à la volonté du photographe … :))
« Nous » et « eux »
Ça a donc été ma première expérience avec la différence. C’est la première fois que je me rappelle avoir fait l’expérience du concept « nous » par rapport au concept « eux ». Et je me rends compte que j’ai ressenti le besoin d’émettre un jugement de valeur : « je n’aime pas les dessins des anglais et c’est trop sombre chez eux ». Comme s’il était important que je préfère mon « chez moi », que je le ressente comme « meilleur » pour moi. Les anglais ne représentaient pas un danger, mais j’avais besoin, par le fait d’être exposée à « l’autre », de réaffirmer que j’étais en sécurité. L’autre est différent, oui, mais il ne représente pas un danger pour moi. Même si je n’aime pas sa manière de faire, c’est la sienne, et (soulagement) ce n’est pas la mienne !
Je suis très reconnaissante d’avoir eu la chance d’apprendre cette leçon de cette expérience. Elle m’a appris que « l’autre » était différent, faisait les choses autrement, mais que ça ne me mettait pas en danger. J’ai fini par accueillir ma curiosité pour l’autre comme étant quelque chose d’intéressant et d’enrichissant. Et j’ai fini par les poser, ces questions !
2. La diversité aide l’entreprise a être plus compétitive et rentable
J’ai découvert ce phénomène en lisant L’intelligence émotionnelle, tome 2 de Daniel Goleman. Et j’ai été ravie ! J’avais toujours eu le sentiment que la diversité était une richesse, mais ce n’était que mon ressenti. Avec ce livre, j’ai appris que la diversité avait un avantage tangible : celui de rendre une entreprise plus efficace, et donc plus rentable.
D’après les recherches effectuées par D. Goleman, une entreprise qui mise sur la diversité de genre, d’âge et d’origine voit ses compétences s’améliorer. Notamment, sa capacité à innover et produire des idées novatrices. Ce qui est logique : imaginons un brainstorming mené par une équipe composée de personnes de cultures différentes. Cette équipe aura l’avantage d’avoir accès à une foule d’approches différentes. Les membres de l’équipe seront confrontés à des concepts, des avis, des opinions variés, parfois même opposés, et seront obligés de considérer des compromis. Ce qui peut les amener à des idées nouvelles qu’ils n’auraient pas considérées autrement.
De plus, les équipes diverses sont moins susceptibles d’adopter une pensée de groupe conformiste. Comme elles sont régulièrement poussées à sortir de leurs habitudes et de leur zones de confort, elles développent une meilleure capacité d’apprentissage et de progression.
Ce sont des avantages essentiels dans un monde où les marchés évoluent et changent rapidement. On attend des entreprises qu’elles sachent s’adapter aux nouvelles demandes et aux nouvelles technologies. Et pour une entreprise désirant s’ouvrir à l’international, les qualités d’ouverture, d’adaptation et de compréhension culturelle sont incontournables.
3. La diversité m’aide à me connaître moi-même
Si l’on en croit l’article « La peur de la différence » de Claude Geets, « l’autre sert de miroir ». Et « l’être humain ne se débarrasse pas impunément de la différence. A vouloir la refuser – nier l’autre en tant que différent – c’est soi en tant que même que l’on risque de perdre. »
Pourquoi avons-nous peur de la différence ? Pourquoi est-ce que bien souvent, la différence crée en nous des réactions de rejet et d’agressivité ? Claude Geets nous dit que souvent, ce n’est pas de la différence que nous avons peur, car si différent que nous soyons, nous avons toujours des choses en commun. Quand les différences de l’autre sont troublantes et m’interrogent, ce qui m’angoisse, c’est de découvrir en l’autre des éléments que je puisse reconnaître en moi et qui me déplaisent ou me dérangent. « L’autre nous menace, certes, parce qu’il est différent, mais aussi parce qu’il est semblable, au moins potentiellement. »
Pour peu que j’aie un esprit ouvert, être au contact de la différence me permet donc de voir ce qui me fait peur chez moi-même. Ce que je ne comprends pas, ce que j’ignore.
4. La diversité me rapproche de la réalité
Voilà une autre raison pour laquelle la diversité nous importune : elle nous confronte à nos certitudes et nous suggère que peut-être, il faudrait les remettre en question. Elle nous met face à nos biais cognitifs : ces processus que le cerveau a mis en place pour traiter les informations qu’il reçoit et pour les catégoriser, nous entraînant souvent dans des erreurs de jugement. Le problème étant que ces biais nous font souvent percevoir la réalité de manière, et bien, biaisée. Le biais qui nous intéresse ici tout particulièrement est le biais de représentativité. Si nous avons une mauvaise expérience avec une personne de nationalité étrangère, ce biais va nous pousser à généraliser cette mauvaise expérience et à la projeter sur tous les membres de la même nationalité.
Etre conscient de ses biais cognitif, et les remettre en question, nous permet donc d’avoir une meilleure perception de la réalité.
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5. La diversité m’aide à accepter l’inconnu et l’incertitude
On ne sait pas de quoi demain sera fait. On ne sait pas quel temps il fera pendant nos vacances. On ne connait ni la date ni l’heure de notre mort.
Même les experts en bourse ne savent pas prévoir ses fluctuations. En fait, Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie, a démontré dans son livre Système 1 / Système 2 : les deux systèmes de la pensée que les experts dans un domaine font des prédictions moins exactes que celles faites par le commun des mortels, ou même par un processus aléatoire.
L’incertitude est donc l’un des paramètres qui définissent notre existence. Pourtant, nous avons l’air d’avoir un besoin écrasant de certitude. La peur de l’inconnu, d’un échec possible, nous empêche souvent d’avancer dans nos projets et vers nos rêves. Pour cette raison, il est important de repousser ce besoin de certitude et de s’habituer à l’incertitude. Pour une autre raison aussi.
Rejeter la différence, la diversité, c’est répondre à ce besoin dangereux de certitude. Pourquoi dangereux ? Parce qu’il nous éloigne des autres et de l’inconnu, l’incontrôlable qu’ils apportent. Poussé à l’extrême, ce besoin nous enferme dans le fanatisme et l’extrémisme. Claude Geets nous dit : « Le fanatique ne peut supporter le doute : il lui faut, pour tenir debout, des certitudes inébranlables. C’est pourquoi il doit imposer ses convictions à ceux qui ne pensent pas comme lui, leur différence menace sa sécurité. » D’où sa rationalisation : le différent menace (ma) la sécurité, il faut donc l’éliminer.
Accepter la différence, c’est donc aussi accepter ce qui est incertain. Accepter l’incertitude, c’est être mieux connecté au monde, à nos rêves et nos désirs, et c’est être plus résilient.
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6. La diversité m’apprend à mieux m’adapter
Daniel Goleman, dans son livre Cultiver l’intelligence relationnelle, nous parle de la neuroscience sociale, et de son domaine d’étude : les interactions humaines. Quand nous entrons en contact avec quelqu’un, une sorte de synchronisation se met en place. Nos cerveaux s’alignent l’un sur l’autre, nous imitons les expressions de visage et les gestes de l’autre. Des études ont démontré que pour qu’une interaction soit efficace, cette synchronisation doit avoir lieu. Si ce n’est pas le cas, nous ressortons de la conversation avec le sentiment que nous ne nous sommes pas « entendu » avec l’autre, que nous ne nous sommes pas compris.
Il est possible que nous ressentions un sentiment de rejet face à la différence, parce que nous estimons inconsciemment qu’une telle synchronisation ne sera pas possible. La différence perçue de l’autre fait peut-être naître en nous un sentiment de malaise, de doute et d’hésitation, que nous cherchons à fuir et à rejeter. Mais comment réellement savoir si la connection est possible ou non, si nous ne faisons pas une tentative sincère d’entrer en contact ?
De plus, une « exposition » répétée à la différence nous permettrait de nous y habituer, et de développer des compétences en communication plus variées et approfondies. Donc essayons de surmonter la résistance que nous ressentons face à une personne différente, et établissons un contact authentique !
7. La diversité me permet d’exprimer ma singularité
Il semblerait que nous soyons régulièrement face à un paradoxe. D’un coté, nous avons besoin de faire partie d’une tribu, pour des raisons de sécurité et de survie. L’homme est un animal social, nous dit-on. Au cours de notre évolution, nous avons toujours été dépendant de notre tribu pour notre survie : pour la protection contre les éléments et les prédateurs, pour l’accès à une variété de nourriture, pour la protection de nos enfants.
D’un autre côté, nous éprouvons le besoin de se singulariser, de se sentir « spécial », différent des autres. Vivre au contact de la diversité, de la différence, me permet de me sentir en sécurité face à mes propres différences. Si je vis dans une société qui accepte la différence, alors je me sens plus libre d’exprimer ma propre singularité.
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Et toi ? Quelle est ton expérience de la diversité ? Penses-tu qu’elle soit un avantage ou un inconvénient ? Tu lui vois d’autres avantages ? Exprime-toi dans les commentaires …
Salut Aline.
Très intéressant ce thème de la diversité. Très philosophique également en fin de compte : le moi et l’autre.
En lisant la fin de ton article, j’ai également pensé à « l’autre moi », c’est-à-dire à la diversité intérieure que nous avons également chacun, ou tout du moins que nous pouvons nous autoriser lorsqu’on se sent justement capable d’accepter la diversité et qu’on pense qu’elle nous enrichit.
J’ai également effectué toute ma scolarité dans une école internationale et la diversité a été une norme très tôt pour moi. Les voyages et la découverte d’autres cultures me semblent également hyper intéressants pour s’ouvrir davantage.
Merci pour ton article
Merci pour ton témoignage, Valentine.
L’autre moi intérieur ? Intéressant. Peut-être qu’on peut aussi le rapprocher de ce « moi » qu’on ne connait pas tout à fait et qui nous fait un peu peur …
Salut Aline,
Après avoir lu avec attention ton article, et étant quelque peu taquin, je te soumettrais bien quelques « piques ».
Un groupe homogène de personne rend acceptable, du point de vue de chacun des individus, des règles communes. Donc dans un groupe hétérogène, soit la diversité des comportements risques de conduire à des tensions, soit des obligations (des lois/règlement/…) se doivent d’harmoniser les relations, au prix d’une baisse de liberté individuelle. Donc pour résumer ce point : y a t il une troisième voie entre choisir la liberté individuelle ou choisir la richesse de la diversité?
Un groupe constitué de personne d’horizon divers et variés apporteront, chacune en fonction leur vécu, des compétences différentes. Doit on en déduire que l’absence de variété d’un groupe conduira nécessairement a un résultat de qualité moindre qu’un groupe plus hétérogène?
Puis-je poser une question plus « piquante » : est ce que mettre en avant des différences en fonction des cultures, n’ouvre pas la voie à une hiérarchisation de ces différences? Je prendrais comme exemple les homosexuels, qui ne réclament pas le droit à la différence mais bien à être considéré comme les hétérosexuels.
Au plaisir de te lire
Bonjour Pierre-Favre !
Même dans un groupe homogène, tu vas trouver des personnes qui vont avoir besoin de sortir de la norme et des règles de temps en temps. Accepter la diversité est un excellent moyen de s’habituer à la tolérance et … à la réalité !
Quant à la hiérarchisation des différences, je pense que le problème ne vient pas des différences elles-mêmes (qui sont là, qui existent, qu’on le veuille ou non ;)), mais de notre manière d’y réagir … Encore une fois, refuser la différence, la diversité, c’est refuser la réalité … et c’est dangereux (nazisme, extrémisme religieux, terrorisme, …).
Passionnée de langues étrangères, la diversité est pour moi forcément un avantage 🙂 Cela ne signifie pas que c’est toujours facile à vivre, ni que nous ne devons pas faire d’efforts… Mais que si nous l’acceptons, cela ouvre de grandes portes 🙂 Je crois que je n’ai jamais autant grandi que quand je suis allée à l’étranger ou que j’ai rencontré des personnes différentes de ce dont j’avais l’habitude 🙂 C’est mon expérience mais je pense qu’en acceptant la diversité, on apprend à s’accepter soi même 🙂
… et on apprend à se connaître soi-même 😉
Merci pour ton partage, Anne-Lise.