Qu’est-ce que l’empathie et comment la cultiver ?
On le sait depuis les années 1990 et les publications de nombreux auteurs, l’empathie est l’une des compétences fondamentales de l’intelligence émotionnelle, elle-même essentielle dans le maintien de relations stables et saines.
Le dictionnaire Larousse définit l’empathie comme étant la « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent ». Intuition, se mettre à la place de l’autre, percevoir ce que l’autre ressent sont donc les trois composantes de l’empathie.
Il nous est tous arrivé de rencontrer des personnes qui n’avaient pas l’air de nous comprendre, et en retour, il nous est tous arrivé de nous fermer à ce que l’autre était en train d’exprimer. Il se pourrait bien que cette fermeture soit à l’origine des incompréhensions, malentendus, et conflits que nous vivons dans nos relations. Savoir faire preuve d’empathie est donc primordial pour retrouver de l’équilibre dans nos relations. Alors, existe-t-il des techniques pour cultiver notre empathie naturelle ?
A suivre ...
Empathie, sympathie, compassion, quelle différence ?
On l’a vu plus haut, l’empathie, c’est la capacité de se mettre à la place de l’autre et d’appréhender ses émotions. La sympathie est une « participation à la joie, à la peine d’autrui ». Dans ce sens, la sympathie est synonyme de compassion, d’après le Larousse. Mais est-ce vraiment le cas ? Celui-ci nous donne, pour définition de la compassion un « sentiment de pitié qui nous rend sensible aux malheurs d’autrui ; pitié, commisération ». Premièrement, la compassion, selon cette définition, concerne une prise de conscience de sentiments de malheur, alors que la sympathie s’applique aux émotions de manière générale. Deuxièmement, il me semble qu’il y a une différence entre « participer » aux émotions, et « être sensible » aux émotions. Dans ce cas, elle rejoindrait plutôt l’empathie qui est le fait de « percevoir » les émotions de l’autre.
La différence fondamentale entre empathie et sympathie serait donc que dans le premier cas, on voit, on reconnait les émotions de l’autre, alors que dans le cas de la sympathie, on ressent les émotions avec l’autre.
L’empathie, comment ça fonctionne ?
Une compétence innée
Il semblerait que l’empathie soit une capacité innée. Daniel Goleman, dans son livre Intelligence émotionnelle, cite de nombreuses études qui ont été menées sur le comportement de l’enfant, et qui montrent que l’attitude empathique est un comportement intuitif. Comme cette expérience menée par Marian Radke-Yarrow et Caroline Zahn-Waxler du Laboratoire de psychologie de l’enfance (Institut National américain de la santé mentale), qui ont formé des mères à l’observation minutieuse du comportement de leur enfant :
« En voyant un autre bébé tomber par terre, Hope, tout juste neuf mois, se mit à pleurer et rampa à quatre pattes jusqu’à sa mère pour se faire consoler, comme si c’était elle qui s’était fait mal. Michael, quinze mois, alla chercher son ours en peluche pour le donner à son ami Paul en pleurs ; comme celui-ci continuait à pleurer, il lui apporta la couverture qui lui servait de doudou. »
En fait, il semblerait que les petits enfants ressentent par empathie avant même d’avoir la conscience qu’ils ont une existence séparée des autres. Tu as certainement déjà dû observer un bébé réagir à l’ambiance d’une situation, comme s’il ressentait la nervosité ou la joie environnante.
Les neurones miroirs
Le processus cognitif qui favorise l’empathie serait l’action menée par les neurones miroirs. C’est un type de neurone moteur, qui commande aux actions qu’accomplit notre corps. Les neurones serviraient à l’apprentissage par l’imitation ; on voit quelqu’un accomplir une action, et on la reproduit. Il semblerait aussi que, toujours par l’action de ces neurones miroirs, le cerveau ne fasse pas la différence entre une action faite et une action observée. Tu as déjà eu « l’impression d’y être » en regardant une scène d’action dans un film particulièrement bien monté ?
Dans le cas de l’empathie, ces neurones seraient à l’origine de la sensation des émotions communicatives ; on a envie de rire quand on entend quelqu’un d’autre rire, on a envie de dire « aïe ! » quand on voit quelqu’un se prendre un poteau en marchant dans la rue (on a envie de rire aussi, mais c’est une autre histoire …).
Percevoir ce que l’autre ressent
Pour percevoir ce que l’autre ressent, ne suffirait-il pas alors de laisser nos neurones miroirs faire leur travail ? Si l’on en croit les nombreuses situations que nous avons déjà tous rencontrées où on a l’impression que l’autre ne comprend vraiment pas ce qu’on essaye de lui communiquer, les choses ne sont malheureusement pas aussi simples que ça 🙁
Il y a plusieurs facteurs psychologiques qui peuvent entrer en jeu.
On peut vouloir, voire même avoir besoin de se protéger des émotions des autres. Certaines personnes front preuve de bien peu de retenue quand il s’agit d’exprimer leurs émotions. Colère fulgurante, euphorie débordante, pleurs excessifs, notre première réaction est, c’est bien compréhensible, de faire un pas en arrière, et de se barricader face à cette profusion de sensations, désagréables quand elles sont excessives. Le « truc » serait donc de réussir à être témoin des émotions des autres, à savoir les identifier, les nommer, sans se laisser embarquer dans leur ressenti et leur conséquences.
Il peut arriver qu’on ait l’impression que reconnaitre l’émotion de l’autre en revient à nier la sienne. Ça peut se produire lors d’un conflit et que les émotions des participants sont contradictoires. Si je vois ton émotion, je dois l’accepter, alors quelle est la validité de la mienne ? Le problème dans ce cas-là est la conviction que deux émotions contradictoires ne peuvent pas exister dans une même situation. Or, on a déjà tous certainement fait l’expérience de ces émotions contradictoires : un film qui provoque à la fois le rire et la tristesse, un proche, que l’on aime énormément, mais qui dans une dispute fait naître en nous une colère déboussolante. Il faut donc accepter l’existence, et la validité de toutes les émotions suscitées par la situation : les miennes, tout comme celles des autres.
Se mettre à la place de l’autre
Ce n’est pas la même chose ? J’ai envie de dire que non … D’abord on observe, on remarque, ensuite on comprend, on réalise ce que l’autre ressent, ce qui peut parfois être une autre problématique.
Pour réellement comprendre les sentiments des autres, il faut savoir se mettre à leur place et s’intéresser à la manière dont ils vivent la même situation.
Par exemple : C’est le 31 décembre, il est 16 heures. Tu as déjà passé une excellente journée avec tes amis, et vous vous dites qu’il serait temps de faire un tour au supermarché pour acheter de quoi manger et faire la fête … Vous arrivez sur le parking du supermarché le plus proche qui est vide ! C’est là que vous vous rendez compte que la veille d’un jour de fête, les commerces ferment en général plus tôt ! Et vous n’avez rien dans le frigo ! (Histoire vécue 3:] on a fini par faire les courses dans une station service !)
Et là, tu observes un éventail de réactions parmi tes amis : des éclats de rire, quand tout le monde se rend compte de la profondeur de la connerie commise ! Il y a aussi une réaction d’incrédulité (il va falloir un peu plus de temps à cette personne pour accepter la situation). Plusieurs expressions de déception, c’est attendu, mais surtout, il y a une personne qui exprime une colère relativement explosive. Et ça met un froid dans l’ambiance, un froid glacial.
On peut comprendre la colère, bien sûr, mais c’est l’intensité de la colère qui peut être difficile à comprendre. Il faut alors prendre un peu de recul et se demander pourquoi la colère de cette personne est aussi intense. Peut-être que ça lui est déjà arrivé, ou quelque chose de similaire, et il s’en veut lourdement de ne pas y avoir pensé. Elle peut avoir besoin de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre qu’elle-même. C’est peut-être quelqu’un de perfectionniste, qui a beaucoup de mal à accepter ses erreurs et celle des autres. Quand on y réfléchit un peu on peut, en fait, trouver beaucoup d’explications.
L’empathie, à quoi ça sert ?
Dans nos relations intimes
« Dans toute relation humaine, la bienveillance, l’affection trouvent leur origine dans l’harmonie avec autrui, l’aptitude à l’empathie », nous dit Daniel Goleman. Avoir une relation harmonieuse passe par la capacité à reconnaître les états d’humeur, chez soi, et chez l’autre.
On voit d’ailleurs à quel point les comportements manifestant de l’égoïsme ou de l’égocentrisme sont destructeurs pour une relation. Ces comportements vont à l’inverse de la volonté d’entrer en contact. Ils ne permettent pas la connexion recherchée pour une rencontre juste avec l’autre, un échange équilibré.
Dans nos relations professionnelles
Les mêmes remarques sont valables pour nos relations professionnelles. Faire preuve d’empathie, c’est montrer à nos collègues, à nos clients qu’on se soucie d’eux. Que leur travail, leur présence, leurs opinions et leurs attentes sont importants pour nous.
Etre capable d’empathie est primordial dans de nombreuses professions, j’aurais presque envie de dire toutes ! Professeurs, infirmiers, chefs de projets, écrivains, et même blogueurs, tant que la profession demande un contact avec d’autres, l’empathie est une compétence essentielle, et malheureusement trop souvent oubliée, ou ignorée.
Essaye ! Cultive ton empathie en 5 étapes
1. Soit conscient de tes propres émotions
Ça paraît évident, mais ce n’est pas toujours le cas ! Es-tu capable de nommer avec exactitude l’émotion (ou les émotions) que tu ressens à tout moment ?
Essaye ce petit exercice de pleine conscience. Adopte une posture relaxée mais attentive. Ferme les yeux et prend trois profondes respirations. Quelles sont les différentes sensations dans ton corps ? Y a-t-il de la tension quelque part ? Et ton esprit, est-il plutôt tranquille ou les pensées se bousculent-elles ? Remarque et accueille les sensations et les pensées, quelles qu’elles soient.
2. Aies un large vocabulaire pour parler des émotions
Là encore, ce n’est pas évident. La vérité est que nous ne recevons pas de réelle éducation à la gestion de nos émotions, nous n’avons pas non plus de réelle connaissance de toutes les émotions possibles. Fais ce petit test : donne-toi une minute et écris toutes les émotions qui te viennent à l’esprit. Combien en a tu trouvé ? Sais-tu combien il en existe ?
Pour étendre ton vocabulaire, lis des articles sur internet, et apprend à nommer tes émotions.
A lire aussi : Glossaire des émotions
3. Reconnais tes propres émotions
Voilà un petit jeu : programme des rappels aléatoires sur ton smartphone, et quand celui-ci sonne, regarde à l’intérieur de toi et nomme l’émotion ou les émotions que tu ressens. N’oublie pas : il est tout à fait possible de ressentir plusieurs émotions à la fois et il est tout à fait possibles qu’elles soient contradictoires.
4. Reconnais les émotions chez les autres
Ça peut être un exercice intéressant pour améliorer sa capacité d’observation : pendant une réunion (familiale / professionnelle / amicale / …), prends un peu de recul et observe les gens autour de toi. Quelle est l’expression sur leur visage ? Comment qualifierais-tu le ton de leur voix ? Font-ils beaucoup de gestes ? Quelles conclusions tu peux en tirer sur leur état émotionnel ?
5. Comprends les émotions des autres
Ta boss te tape sur les nerfs ? Ton conjoint est complètement renfermé sur lui-même ces derniers jours ? Ta meilleure amie ignore tes textos ?
Prends un peu de recul et fais une liste de toutes les raisons possibles de leur comportement. Trouves-en au moins dix.
Quel est ton degré de connaissance de la personne et de son histoire ? Quelle pourrait être l’explication la plus probable pour son attitude ?
Partage !
Quel est ton niveau d’empathie ? Es-tu capable de nommer tes émotions ? Sais-tu combien d’émotions il existe ? As-tu déjà eu des émotions contradictoires en même temps ? Partage ton expérience dans les commentaires !
J’ai adoré la petite vidéo pour comprendre les neurones miroirs.
Merci pour cet article ultra complet qui nous fait prendre la dimension de ce qu’est l’empathie et l’importance de la cultiver.
C’est vrai, elle est vraiment bien faite !
Merci pour ton commentaire 🙂