21 astuces pour apprendre de ses erreurs
Apprendre de ses erreurs. Tirer des leçons de ses échecs. On est tous d’accord pour dire que c’est important, que c’est faire preuve de sagesse. Mais notre culture a un rapport ambigu avec l’erreur. D’un côté on dit que l’erreur est humaine, et d’un autre on se culpabilise et on culpabilise l’autre. C’est probablement à cause de cette attitude ambivalente qu’il est vraiment difficile pour la plupart d’entre nous de revenir sur une erreur, de prendre le temps de l’étudier, et d’accepter d’en tirer des conclusions. Alors, comment faire pour que l’expérience soit moins douloureuse ?
A suivre ...
Pourquoi c’est difficile de revenir sur ses erreurs ?
Pour beaucoup, moi y compris, l’idée même de revenir sur une erreur pour l’examiner de plus près est l’équivalent de se jeter dans un corps d’eau glacé. Volontairement. Qui est assez cinglé pour faire ça ? 😉
Une question d’éducation
Cela nous renvoie probablement à la manière dont on a été éduqué. La philosophie éducative est encore souvent punitive. Quand un enfant fait une erreur, c’est en général suivi par des réprimandes et une punition. Cette attitude est destinée à faire passer le message suivant : ne pas commettre l’erreur. Mais qu’en est-il des leçons qu’on peut retirer du fait même d’avoir commis l’erreur ? A l’école non plus, on n’enseigne pas aux enfants à considérer leurs erreurs comme une opportunité d’apprendre. Dans les matières théoriques, comme les mathématiques ou la lecture, l’erreur peut être considérée comme une étape, un pas nécessaire dans l’apprentissage. Mais pas en ce qui concerne le comportement. Bien souvent, cela s’arrête à « tu ne dois pas faire cela », et ne va pas jusqu’à « pourquoi tu ne dois pas faire cela ».
Depuis notre plus jeune âge, on a été conditionné par la peur de la punition. Commettre une erreur active donc notre sentiment de culpabilité. La culpabilité, le regret, sont des sensations extrêmement désagréables, qui nous mettent dans un état de détresse. On cherche à soulager cette détresse, on s’éloigne instinctivement de ce qui fait mal. Et au lieu de regarder notre erreur en face et de l’examiner, on cherche à la fuir et à l’oublier. Passer à autre chose. Tourner la page.
Les attentes sociétales
Aussi, les garçons et les filles ne sont pas élevés de la même manière. On apprend aux jeunes filles à tendre vers la perfection, et donc beaucoup de femmes vivent dans la crainte de ne pas être assez, ne pas faire suffisamment ceci ou cela. On apprend aux femmes à faire plaisir, à ne pas trop critiquer.
On apprend aux garçons à avoir de l’ambition et à réussir. On leur dit qu’ils doivent être le « gagne pain » de la famille, que répondre aux besoins matériels de leur famille est de leur responsabilité.
Ces pressions ne laissent pas beaucoup de place à l’erreur. Les comportements qui sortent de ce carcan sont vite réprimandées. Si beaucoup d’hommes et de femmes trouvent leur bonheur dans les rôles que la société leur attribue, ceux qui font des choix différents se trouvent face à une incompréhension, une attitude qui hurle « je ne sais pas sur quel pied danser avec toi ».
Peur de perdre son estime de soi
On a donc peur de la critique. Peur d’être réprimandés comme des enfants, et que nos erreurs diminuent notre crédibilité. On ne veut pas paraître « nul », ni perdre de la valeur. Tout ça se passe de manière vaguement consciente. Bien souvent, on sait qu’on préfèrerait ne pas être critiqué, mais on est plutôt largement inconscient des raisons. On ne sait pas tout à fait à quelles conséquences on va devoir faire face.
Et donc ça nous pousse à éviter de prendre des risques. On ne veut pas prendre certaines décisions, parce qu’on cherche à éviter l’échec à tout prix. On oublie pourtant deux choses importantes :
- Eviter de prendre des risque nous empêche de réaliser notre potentiel. On pourrait probablement faire de bien plus grandes choses dans notre vie si on acceptait de prendre des risques.
- Nous avons commis des erreurs par le passé, et souvent elles n’étaient pas aussi catastrophiques qu’on le pensait. On a tendance à donner une importance disproportionnée aux erreurs.
A lire aussi : Qu’est-ce que le biais de négativité et comment le combattre ?
Pourquoi c’est important d’apprendre de ses erreurs ?
Pour grandir
C’est une condition du progrès, non ? Apprendre pour avancer, pour évoluer, pour améliorer notre destin. Pour beaucoup d’entre nous, le bonheur se situe dans l’espoir de réaliser nos objectifs, nos rêves. Se dépasser, surmonter des obstacles, ressentir de la fierté à l’accomplissement d’un travail difficile est souvent ce qui nous apporte le plus de satisfaction. Et pour pouvoir arriver à cela, il est essentiel de prendre le temps d’analyser ce qui ne fonctionne pas. D’être conscient de nos défaut et de nos tendances.
Et n’oublions pas :
- Le premier sens du mot « erreur » donné par le CNTRL est « action d’errer çà et là; parcours sinueux et imprévisible ». N’est-ce pas la définition même de la vie ? 😉
- Notre cerveau contient des « neurones de l’erreur ». Ils ont pour responsabilité de remarquer nos erreurs et les corriger. Ces neurones ont besoin d’être activés, entraînés, pour être efficaces et remarquer des erreurs plus rapidement à l’avenir !
Pour évoluer dans son travail
Il y a quelques jours, j’ai reçu un e-mail de LinkedIn Pro qui m’encourageait à participer à leur programme de formation. Pour souligner la pertinence de ce programme, le mail citait une enquête réalisée auprès de 2000 dirigeants d’entreprise : « Pour 57% des dirigeants, les compétences interpersonnelles sont plus importantes que les compétences techniques ». On le sait depuis le best-seller de Daniel Goleman, L’intelligence émotionnelle ; celle-ci est plus importante pour la réussite que les diplômes ou le QI. Et la capacité de tirer des leçons de ses propres erreurs est une composante clé de l’intelligence émotionnelle.
Pour des relations plus saines
Tu as l’impression de rechercher toujours le même type de femme ou d’homme pour tes relations amoureuses ? Tu as l’impression de reproduire encore et encore le même schéma ? Si c’est le cas, sache que tu n’est pas le seul ou la seule ! Quand on ne prends pas le temps de fouiller dans nos comportements, on risque bien de retomber dans les mêmes relations toxiques. Ou de reproduire les mêmes scénarios de disputes.
Souvent, les pires erreurs qu’on commet provoquent un intense sentiment de regret en nous, parce que pendant un temps, on était persuadé d’avoir raison. Dans son intervention TED, Kathryn Schultz fait l’analogie avec le coyote dans les dessins animés qui continue à courir alors qu’il n’est plus sur la terre ferme. Ce n’est que quand il se rend compte qu’il est au-dessus d’une falaise qu’il tombe ! Comme le coyote, nous continuons sur notre chemin, tout en « sentant » qu’on est du bon côté des choses. Selon Kathryn Schultz, ce genre de certitude peut être dangereuse (l’intervention est en anglais, mais il est possible de mettre des sous-titres français).
Comment apprendre de ses erreurs ?
Le processus va se faire en deux temps. Premièrement, il faut apaiser la peur dont on a parlé plus haut. Celle qui fait qu’on veut instinctivement s’éloigner de toute mention qu’on ait pu faire une faute. Ensuite seulement, on va pouvoir analyser l’erreur commise et en tirer des leçons.
A. Apaiser la peur de l’échec
1. Se changer les idées
Grosse bourde au boulot ? Mis les pieds dans le plat lors d’une conversation avec les beaux-parents ? Tu es rouge de honte et tu voudrais juste disparaître … Alors disparais ! Change-toi les idées. Regarde un épisode de ta série préférée, écoute ton morceau de musique préféré, va jouer avec ton chien … L’idée est de sortir de la spirale : plus tu penses à l’erreur, plus tu as honte, et plus … Donc essaye de penser à autre chose.
2. Fais ton deuil
Quand tu fais une erreur, ou que tu dois faire face à un échec, tu as en fait perdu quelque chose : estime de soi, espoir, confiance, … Reconnais que ton estime de toi en as pris un coup, que tu as peur de perdre l’estime des autres. Et fais ton deuil.
- Est-ce que tu es du genre à parler de ce que tu ressens ? Fais ce qui semble naturel.
- Ecris et décris ta sensation de perte.
3. Fais preuve d’auto-compassion
Et oui, aie de la compassion pour toi-même ! Evite de te plomber le moral avec des « mais je suis trop bête ». Dis-toi ce que tu dirais à une amie proche. Et pose-toi la question : de quoi est-ce j’ai besoin, là, maintenant, tout de suite ?
A lire aussi : Comment différencier auto-compassion et apitoiement sur son sort ?
4. Accepter son humanité
L’erreur est humaine. Personne n’est parfait. Ce sont des idées tellement évoquées qu’elles sont devenues des clichés. Et pourtant, le fait de ne pas être parfait est difficile à accepter, pour beaucoup d’entre nous.
Réfléchis sur la notion d’imperfection et écris. Qu’est-ce qui est intéressant dans le fait de ne pas être parfaite ?
5. Prendre l’habitude d’être courageux plutôt que parfait
Comment cultiver ton courage ? Selon Reshma Saujani, auteure du livre Brave, Not Perfect, la meilleure manière de se préparer à être courageux est de réapprovisionner régulièrement son stock d’énergie. Et pour avoir une énergie au top, il faut faire en sorte d’avoir suffisamment de sommeil chaque nuit, méditer, et faire de l’exercice physique.
A lire aussi : Comment et pourquoi méditer ?
6. Cultiver son optimisme
Quand on fait face à une erreur ou un échec, il peut être particulièrement difficile de voir « le bon côté des choses », et de garder la conviction que les « choses » peuvent s’améliorer. Il est donc important de cultiver un état général optimiste au quotidien, et ne pas attendre d’avoir « besoin » de l’optimisme pour essayer d’y faire appel. L’optimisme est un état d’esprit, l’une des composantes de l’intelligente émotionnelle.
Quand quelque chose de bon lui arrive, la personne optimiste va penser que c’est dû à ses qualités alors que la personne pessimiste va penser que c’est un hasard. A l’inverse, quand quelque chose de mauvais lui arrive, la personne optimiste va penser que c’est un hasard, alors que la personne pessimiste va penser que c’est dû à ses défauts. Fais donc attention à tes pensées, et questionne la conviction que les mauvais événements qui t’arrivent sont dûs à ton caractère. Reformule ces pensées de manière plus optimiste.
7. Ne pas avoir peur de la critique
Une critique, quand elle est bien formulée, est un excellent moyen d’apprendre d’une erreur. Si tu as la chance d’avoir une chef et un entourage qui sait faire des critiques constructives, écoute-les ! Pour approfondir la notion de critique constructive, lis cet article : Comment réagir à une critique.
8. Voir l’échec comme un stimulant
Est-ce que tu aimes la fiction ? Vas-tu au cinéma ? Lis-tu des romans ? Quel est, en général, le parcours du héros ou de l’héroïne ? Est-ce un parcours exemplaire, sans heurt ni regret ? Ou est-ce une aventure remplie de difficultés, rebondissements et surprises ? Lequel t’intéresse le plus ?
Comme nos fictions, préférons donc nos vies remplies de surprises, bonnes et mauvaises, car nos vies seraient bien ennuyeuses sans accidents de parcours.
9. Apprendre des erreurs des autres
Qui sont tes héros dans la « vraie vie » ? Marie Curie ? Albert Einstein ? Virginia Woolf ? Jules César ?
Choisis-en un ou une et lis sa biographie. Compte le nombre d’erreurs qu’il ou elle a commises … 😉 Et rends-toi compte de leur profonde humanité.
10. Célébrer l’échec
Prends un moment pour célébrer ton échec. Si tu as échoué, ça veut dire que tu as tenté quelque chose. Si tu as fait une erreur, ça veut dire que tu as eu le courage de prendre un risque. Rends donc hommage à ton erreur, car elle est le symbole de ton courage !
B. Tirer des leçons
Maintenant que tu as apaisé ta peur de l’échec et ta réaction viscérale de rejet, voici ce que tu peux faire pour tirer des leçons de ton erreur.
11. Ecris la situation de ton point de vue
Que s’est-il passé ? Quelle est le contexte de ton erreur ? Raconte-la par écrit avec le plus de détails possible. Pourquoi par écrit ? Lis cet article : Pourquoi et comment se mettre à l’écriture ?
12. Ecris la situation du point de vue de l’autre
Est-ce que ton erreur a eu des conséquences sur quelqu’un d’autre ? Ecris-la de son point de vue.
13. Demander son point de vue à quelqu’un d’autre
Maintenant que tu as écris la situation sous deux angles différents, tu peux faire appel à une troisième personne, et lui demander comment elle voit les choses. Y a-t-il un angle que tu n’avais pas considéré ?
14. Identifier les éléments à modifier
Tu as maintenant considéré ton erreur et sa situation sous différents angles. Tu dois te rendre compte que cette erreur a été le résultat d’une série d’actions ou d’éléments, et que tous ne sont pas mauvais. Quels sont donc les éléments qui t’ont amené à la faute ? Quelles ont été les conséquences ?
15. Identifier les éléments qui sont sous mon contrôle
Lors d’un échec, il peut arriver qu’on ait mis en place toutes les stratégies de réussite, mais que l’échec soit dû à un événement qu’on ne peut vraiment pas contrôler. Essaye de les identifier, et accepte que toute initiative comporte des éléments qu’on ne peut pas contrôler.
16. Etablir un plan d’action pour ne pas reproduire l’erreur à l’avenir
A partir des éléments fautifs que tu as relevé, qu’est-ce que tu peux modifier ? Y a-t-il des aspects de ton comportement à transformer ? Quelles actions concrètes peux-tu mettre en place ?
Le comportement, les habitudes, sont des choses difficiles à changer. Il faut des actions concrètes, des exercices pratiques à réaliser quotidiennement pour avoir de vrais résultats.
17. Expérimenter de nouvelles manières de faire
Peut-être que tu as commis l’erreur parce que tu as suivi une routine. Tu as peut-être fait les choses d’une certaine manière, habituelle, et tu n’as pas pensé à questionner cette habitude. Tu ne t’es pas demandé si c’était la meilleure manière de faire dans ce cas précis. Fais une liste de nouvelles approches possibles pour la situation en question. Une liste de façons de faire qui sortent de ta zone de confort.
18. Lister les réussites passées
Voilà un petit exercice qui a un double avantage : il permet de dédramatiser, et de te rendre consciente de ce qui marche pour toi. Fais donc une liste de tes réussites passées, essaye d’identifier quels ont été, cette fois-ci, les facteurs de réussite.
19. Redéfinir ses objectifs
Il arrive qu’un échec soit dû à une mauvaise définition de ses objectifs. Si un objectif est trop facile, on s’ennuie et on finit par laisser tomber. Si un objectif est trop difficile, on se sent découragé et on finit par laisser tomber aussi … Il faut donc trouver un juste milieu.
20. Fuir la télé-réalité
Quel curieux conseil … As-tu remarqué comment les « personnages » de télé-réalité s’adressent les uns aux autres ? C’est plein de petites méchancetés, de commentaires vicieux, critiques narquoises, ragots et manipulations … Ce genre de programme télé contribue à perpétuer une ambiance générale d’accusations et de reproches. Pas étonnant qu’on ait peur de la critique et de l’erreur ! Au contraire, entoure-toi de personnes enrichissantes et de relations saines.
21. S’il y a lieu, présenter des excuses
Si ton erreur a eu des conséquences sur quelqu’un, cela pourrait t’aider de présenter des excuses. Cela t’enlèverait un poids des épaules et te permettrait de repartir sur de bonnes bases avec la personne.
Et toi ? As-tu des difficultés à revenir sur tes erreurs ? Comment fais-tu pour réussir à en tirer des leçons ? Tu as des « trucs » à nous faire découvrir ? Partage dans les commentaires …
Article particulièrement intéressant et complet, merci ! Les excuses sont souvent une clé essentielle, encore faut-il qu’elles soient formulées sincèrement et pas « pour passer à autre chose » et mieux recommencer 😉 L’art d’apprendre de ses erreurs n’est pas inné et c’est souvent avec l’âge que cette sagesse nous vient ! Merci Aline. Ton blog est très prometteur 🙂
Merci Claire !